Henri Bihan

 

Né à Nantes après la Seconde Guerre mondiale, Henri Bihan a enseigné dans différents établissements français en Allemagne, en particulier à Berlin après des études de philosophie.

Il écrit de la poésie depuis les années 70. Un premier ouvrage, Stables Présents, paraît en 1978. Henri Bihan reçoit les encouragements d’Eugène Guillevic mais ne poursuit pas son travail d’écriture. Ce n’est qu’en 2012, lorsqu’il s’installe en Bretagne où régulièrement il est revenu auprès des siens originaires du Cap Sizun, qu’il publie plusieurs recueils.

Voici un extrait de  Vous n’êtes pas d’ici ? (édition revue et augmentée). L’auteur, fort de ses racines, explore la géographie de ce lieu auquel il est si attaché et nous le présente d’une façon inédite : son sentiment d’appartenance et d’enracinement le conduit à s’ouvrir à d’autres territoires, réels et imaginaires, à traverser les espaces et les paysages. D’une expérience vécue, le poète crée un univers qui sert la recherche de soi-même : « Ici, je me confronte ailleurs et croisant d’autres chemins, je reviens à mon chemin. »

Je suis né dans une de ces heures creuses,

à la surface d’une rivière

où des bateaux chargés

allaient à l’appel de berges lointaines

vers des continents gavés de soleil.

Aujourd’hui, Furtives vient de paraître.

Dans une rêverie tout à fait subjective et ordonnée, l’auteur relate la rencontre fortuite de deux personnes. Deux êtres qui se retrouvent et arpentent un sentier le long de l’océan. Cette rencontre pourrait avoir lieu n’importe où. Ce qui compte ici, ce sont les gestes, les regards, les rires et les paroles qui évoluent au fil d’un mouvement intime et authentique d’approche et de séparation, semblable au flux et au reflux de la marée. Ce va-et-vient, traversé de méandres vifs, peut être perçu comme l’appréhension du temps qui passe. Saisir ces méandres par les mots est l’objet-même de ce récit-poème.

Je cingle l’air dans le sens que la côte commande à nos désirs. Une largeur s’ouvre au cœur. Elle ferme les tableaux de vie furtive concédés au détroit de l’âge.